Des archéologues auscultent l'histoire des tanneries de Riom

Leur présence, depuis le début du mois de mars, est discrète. A côté du chantier de réhabilitation de la place Félix-Pérol, une équipe d’une douzaine d’archéologues s’est lancée à la recherche des traces de la tannerie dans l’îlot Grenier.A Riom, probablement déjà sur ce site, les tanneurs ont pu exercer leur art dès le début des XIIe et XIIIe siècles.

Le Service régional d’archéologie, qui a prescrit ces fouilles afin de préserver la sauvegarde des éléments menacés par les futurs aménagements, vise à préciser la compréhension de la chronologie de l’occupation du site par le biais de deux approches complémentaires : l’étude du sous-sol et l’étude du bâti. Et c’est bien ce qui fait tout l’intérêt de ce chantier de fouille, s’il faut croire son responsable, Joris Moron.

« Des tanneries, il y’en a d’autres qui ont été étudiées. Mais archéologiquement parlant, je n’ai pas d’exemple comparable d’intervention sur un site de tannerie liant étude sédimentaire et étude du bâti. C’est hyper intéressant. Cela permet de comprendre le développement urbain de cette partie de la ville »

De la même manière qu’ils décapent le sol couche par couche pour remonter le passer, ils épluchent les couches qui couvrent les murs - du papier peint des années 1960 jusqu’au parement originel - pour en reconstituer l’histoire.

Les archéologues d'Evéha fouillent l'Ilôt Grenier, dans le quartier des Tanneries à Riom, pour mieux comprendre le passé de cette activité en ville

Les archéologues ne partent pas de zéro. Un sondage archéologique a déjà été fait en 2004. Mais ils vont beaucoup plus loin dans les recherches. C’est ainsi qu’ils ont pu constater que l’occupation du site a été beaucoup plus importante que ne le laissaient penser les résultats du sondage, sans pour autant être très vieille.

Le jardin des cuves était connu précédemment. Trois types de cuves y cohabitent : les unes sont quadrangulaires et destinées au chaulage des peaux, cinq autres sont enterrées et servaient au tannage proprement dit, les dernières sont construites hors sol pour les bains de teinture. Tout cet espace est construit le long du canal de dérivation de l’Ambène qui, lui, date du XIIIe  siècle.

La présence de plusieurs meules imposantes, mise au jour dans le sous-sol où elles sont utilisées comme remploi, laisse penser à la présence d’un moulin à proximité immédiate, autrefois. A ce jour, pourtant, l’emplacement exact de cet édifice n’a pas été déterminé.

Les archéologues d'Evéha fouillent l'Ilôt Grenier, dans le quartier des Tanneries à Riom, pour mieux comprendre le passé de cette activité en ville

Ici aussi, dans une ancienne grange de la rue de la Harpe, les archéologues creusent le sol et mettent les murs au jour. L’édifice ne présente pas des conditions de sécurité optimales : pour l’étude des niveaux supérieurs, l’assistance d’un drone sera requise. Ponctuellement, des spécialistes de la société Evéha interviennent également sur ce chantier, pour une étude lapidaire, pour de la prospection géophysique avec des radars muraux et peut-être encore un géomorphologue.

Ce chantier de fouilles archéologiques se déroulera en deux phases. La première, qui est en cours, couvre le secteur confié à Auvergne Habitat. Elle s’achèvera fin juin. La seconde, d’une durée de deux mois, portera sur les mêmes objectifs dans l’îlot sud dont l’aménagement est confié à Nouvel R. Ce découpage entre les parcelles ne correspond pas à des réalités archéologiques différentes.Ces travaux sur le terrain seront prochainement complétés par une recherche documentaire dans les différents centres d’archives.

Les archéologues d'Evéha fouillent l'Ilôt Grenier, dans le quartier des Tanneries à Riom, pour mieux comprendre le passé de cette activité en ville

Des visites publiques du chantier sont proposées à l’occasion des journées de l’archéologie, le 15 juin prochain. Inscriptions obligatoires sur le site www.eveha.fr/index.php/journees-europeennes-de-l-archeologie-a-riom/

Jean-Baptiste Ledys