Dans les coulisses de l'organisation du 33e Sommet de l'élevage à la Grande Halle d'Auvergne
Le Sommet de l’élevage, c’est chaque année en octobre quatre jours de rencontres, de concours d’animaux, de transactions financières et de convivialité à la Grande halle d’Auvergne de Cournon. Mais ça, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Car la préparation d’un tel événement, c’est toute l’année qu’elle s’effectue depuis les bureaux des équipes, allée Evariste-Galois, à Aubière.Au départ, ils étaient deux : Fabrice Berthon, le commissaire général, et Corinne Touzet, comptable. Présente depuis mars 1992, cette dernière a tout vu : l’évolution de la taille du Sommet, des logiciels, des procédures d’inscription, de l’équipe… "On est passé de deux à neuf. Au-delà de l’ambiance, c’est le type de travail qui me plaît, ça change chaque année, ça se déroule toujours différemment". Avec quelques sueurs froides aussi parfois, comme en 2015 à cause de la fièvre catarrhale, en 2020 le Covid…
Passés de deux à neufAssise en face d’elle, Morgane Merle est la dernière arrivée. Elle a rejoint l’équipe le 18 mars dernier, après avoir travaillé pour la Foire expo de Cournon pendant cinq ans. Sa mission actuelle ? Vérifier tous les dossiers des exposants, scruter les moindres oublis. "Je suis en charge de tout ce qui est accueil des exposants ici, puis sur place à la Grande Halle. En octobre, je vais vivre mon premier Sommet de l’intérieur."Un Sommet qui devrait une nouvelle fois battre des records, prédit Fabrice Berthon, qui a toujours "la garde" de l’événement au niveau opérationnel et qui assure le suivi des exposants présents à l’extérieur. "On aura 1.100 exposants ; je vais en gérer 500, avec surtout le machinisme et les zones de restauration", prévient celui qui est en pleine attribution des emplacements.
La commercialisation étant terminée, place désormais à la construction de l’édition 2024. "Pour le moment, on a réussi à prendre un peu plus d’exposants que l’an dernier. En 2023, on était à 1.080 emplacements commercialisés ; là, on devrait être à 1.100, et on va être à 95.000 m² de stands, contre 92.000 l’an dernier."
"C’était déjà un record, et on va rebattre un record !"
Preuve que la montée en puissance enregistrée ces dernières années ne s’essouffle pas. Mieux, "on est crédible et on est bien dans le sens de l’histoire. Les visiteurs et les exposants ont ciblé que le Sommet représente un avenir possible de l’élevage. Encore faut-il que les politiques publiques aillent dans le même sens", renchérit Fabrice Berthon.L’objectif aussi, c’est de monter en puissance sur le pastoralisme, d’ici à 2026, année mondiale du pastoralisme et des pâturages décrétée par l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. "On se sent légitime pour porter la thématique avec notre positionnement sur l’élevage durable. Le pastoralisme a été retenu à la demande de la Mongolie, qui était invitée d’honneur du Sommet en 2022. On va monter en puissance avec des organismes du Massif central, des Alpes et des Pyrénées, ça va être le travail jusqu’en 2026, au niveau européen l’an prochain puis au niveau mondial l’année suivante", acquiesce Caroline Guélon, responsable communication, juridique et ressources humaines.
Cinquième arrivée dans l’équipe, dès 2008, Caroline a aussi repris l’organisation des concours animaux. En ce moment, elle est en pleine détermination du calendrier des concours et des présentations sur les quatre jours des différentes races de bovins viande, bovins lait, ovins, chevaux… et la répartition des salles.Dans le bureau d’en face, Jean-François Blanc, le directeur commercial et financier est en pleine gestion des 550 à 600 exposants intérieurs. Il est arrivé en 2002, et la nouveauté de ces dernières années est, selon lui, liée à la transition énergétique, la production de solutions nouvelles comme le photovoltaïque et la méthanisation. "Ça a été la plus grande évolution de ces dernières années ! Un autre secteur qui s’est développé, et qui continue de le faire, c’est la transformation des produits. De plus en plus d’exploitations transforment leurs produits. Et ces exposants sont de plus en plus présents", constate-t-il.
NumériqueDes exposants qu’Emily Aubert et Victor Berthon, responsables du développement et du digital, font désormais échanger toute l’année avec les visiteurs du Sommet. Puisque si l’événement dure quatre jours en présentiel, il perdure et vit toute l’année sur les réseaux, via le Comptoir des éleveurs. Cette communauté et ce réseau social dédié au monde de l’élevage et de l’agriculture regroupent 5.121 membres. "On a créé trois outils à l’intérieur : le média alternatif, le grand magasin et le réseau des pros, pour informer, commercer et connecter", précise Victor Berthon, qui l’enrichit au quotidien.
Le Kazakhstan pays à l’honneur en 2024. En mettant à chaque édition un pays à l’honneur, « on essaye, en tant que facilitateur, connecteur, de trouver des pays où nos exposants, nos éleveurs ne vont pas naturellement. On essaye de mettre en lumière un pays et de l’huile dans les rouages », précise Benoît Delaloy, responsable international du Sommet. Après la Turquie, la Mongolie, la Géorgie…, ce sera au tour du Kazakhstan en 2024. « Avec la Turquie, ça a permis de débloquer un protocole sanitaire ; l’Iran, c’était l’année où finissait l’embargo et où beaucoup de choses étaient gelées. Au Kazakhstan comme en Mongolie, la France a des intérêts par rapport au sous-sol, mais aussi parce que le Kazakhstan est bloqué entre la Russie et la Chine et a besoin de développer son élevage. » Emmanuel Macron s’est lui-même rendu sur place, le 1er novembre dernier, avec Jacques Chazalet, le président du Sommet de l’élevage. « Le Kazakhstan a beaucoup de besoins dans le domaine agricole et veut diversifier ses partenaires. Ils ont de gros marchés et intérêt à être plus compétitifs, plus productifs. L’Agence française de développement a mis en place une coopération. » Un partenariat a aussi émergé en novembre dernier autour de vaccins contre la fièvre aphteuse. Le Kazakhstan, c’est cinq fois la France et le quatrième exportateur mondial de céréales.
Gaëlle Chazal