Protection de l'enfance : pourquoi la commission d'enquête parlementaire a choisi le Puy-de-Dôme pour sa première visite
La rapporteure de la commission d’enquête sur les manquements de la protection de l’enfance, Isabelle Santiago, a choisi le Puy-de-Dôme pour sa première visite de terrain, vendredi 24 mai, après la lecture d'une enquête de La Montagne révélant les conditions d'accueil d'enfants en bas âge à la pouponnière de Chamalières.
Créée en avril, la commission d’enquête parlementaire sur les manquements des politiques de protection de l’enfance doit rendre ses conclusions en octobre.
Pour sa première visite sur le terrain, la rapporteure, Isabelle Santiago, députée PS du Val-de-Marne, a choisi le Puy-de-Dôme, vendredi 24 mai. Car, dit-elle, elle a été bouleversée par une enquête de La Montagne sur la pouponnière de Chamalières.
Seuls dans un taxi à seulement un anDes enfants en bas âge, parfois nouveau-nés, y sont logés dans des conditions jugées indignes, notamment liées au sureffectif : ils sont 60 quand la pouponnière peut en accueillir 49 (36 à sa construction). Isabelle Santiago a dit avoir vu des choses « très graves » au cours de sa visite en compagnie d’autres députées de la commission (dont Marianne Maximi, élue LFI du Puy-de-Dôme) : des enfants d’un an sont emmenés en taxi, seuls, pour des visites médiatisées, c’est-à-dire pour rencontrer leurs parents en présence d’un professionnel.
La députée a enjoint le président du Département, Lionel Chauvin (LR) de réagir au plus vite, lors d’une conférence de presse organisée dans les locaux du Département, qui a la compétence de la protection de l’enfance. Lionel Chauvin a dit découvrir ce problème.
Avec sa vice-présidente, Eléonore Szczepaniak, il a détaillé tout ce qui est entrepris depuis trois ans pour la protection de l’enfance. Le budget a été augmenté de 20 %, pour atteindre 100 millions d’euros.Reportage centre de l’enfance de Chamalières - le 26 mars 2024 photo Thierry NICOLAS
Dès le 1er juillet, deux autres pouponnières de sept et neuf places vont entrer en service. Une nouvelle pouponnière va être construite à la place de celle de Chamalières (48 places), pour un montant de dix millions d’euros, d’ici 2026. Marianne Maximi a pointé la nécessité de revaloriser aussi les métiers, pour réduire le turn-over de plus en plus important et disposer de personnels formés.
Pas de nouveau décret depuis 1974...Le problème est loin de se limiter au Puy-de-Dôme, puisque le seul décret ministériel date de… Simone Veil, en 1974, « et il avait une vision hospitalière », a expliqué Isabelle Santiago. Or, on sait aujourd’hui que les 1.000 premiers jours (gestation comprise) d’un enfant sont déterminants pour la suite de sa vie. On estime à 40 milliards d’euros le coût pour la société des troubles causés par une petite enfance difficile. Ces dépenses pourraient être évitées si 1,5 milliard était dépensé chaque année. Mais on est loin du compte.
Laurent Bernard