Brésil: le nouveau ministre de l'Economie n'arrive pas à rassurer les marchés
Le nouveau ministre brésilien de l'Economie, Nelson Barbosa, a cherché lundi à tranquilliser les investisseurs mais les marchés lui ont tourné le dos: le réal a franchi la barre symbolique des 4 unités le dollar pour la première fois en deux mois et demi.
M. Barbosa a assuré que les grandes lignes d'action de son prédécesseur, l'orthodoxe Joaquim Levy, seraient maintenues pour contrôler la crise qui frappe la 7e puissance mondiale, avec le contrôle des dépenses et de l'inflation, lors d'une téléconférence avec les investisseurs internationaux.
Mais alors que la Bourse de Sao Paulo et le réal brésilien opéraient sans grandes variations lundi matin, première séance après le remplacement vendredi soir du ministre Joaquim Levy, les marchés ont inversé la tendance juste après la téléconférence.
Les marchés apprécient peu M. Barbosa, 46 ans, moins strict que son prédécesseur en matière de politique budgétaire et plus proche du gouvernement de gauche de la présidente Dilma Rousseff.
Le real se dépréciait de 1,44% face au dollar, coté à 4,035 à 16h10 GMT, tandis que la bourse chutait de 1,21% à 43.377 points.
Vendredi la bourse avait clôturé sur une chute de 2,98% et le réal s'était déprécié de 1,42% sur les rumeurs du départ de M. Levy qui n'a été annoncé officiellement qu'à la fermeture des marchés.
"Je veux souligner que la direction de notre politique économique est la même, notre priorité est l'ajustement budgétaire et la baisse de l'inflation", a souligné M. Barbosa lors de la téléconférence.
L'inflation a déjà atteint 10,48% et le déficit primaire devrait atteindre près de 2% du PIB cette année.
"Le marché est très sceptique. Le nouveau ministre est plus dépensier et le marché ne croit pas à son discours d'ajustement budgétaire", a déclaré à l'AFP, l'économiste André Leite de TAG Investimentos à Sao Paulo.
"Le marché a la sensation que Dilma Rousseff prend un virage à gauche pour récupérer sa popularité", a-t-il ajouté.
L'analyste André Ferreira, de Futura, a indiqué quant à lui que "maintenant, ou Barbosa fait ce qu'il a à faire ou nous éteignons la lumière et nous partons. Le marché n'y croit plus".
Lors de sa première conférence de presse à Brasilia vendredi soir, M. Barbosa s'était empressé de rassurer les marchés: "l'engagement avec l'ajustement budgétaire reste le même".
Défenseur des politiques de développement dans les économies émergentes, M. Barbosa a réitéré lundi l'engagement d'atteindre l'objectif budgétaire primaire de 0,5% du PIB. Il table sur une amélioration à la mi-2016 en matière de recettes.
"Nous allons réformer les dépenses obligatoires de l'Etat. La plus grosse dépense est la sécurité sociale qui, avec l'assistance sociale, totalisent 47% de toutes les dépenses primaires", a-t-il souligné.
La crise politique a aggravé la détérioration économique, surtout après l'ouverture début décembre d'une procédure de destitution à l'encontre de la présidente Rousseff, accusée par l'opposition d'avoir maquillé les comptes publics.
L'économie du Brésil se contractera de 3,1% en 2015 et 1,9% en 2016, selon le gouvernement. Si cela se confirmait, ce serait la première fois depuis 1930-31 que le Brésil est en récession deux années de suite.