L'un des éditeurs "disparus" de Hong Kong réapparaît en larmes à la télé chinoise
L'un des cinq employés d'une maison d'édition hong-kongaise, qui ont mystérieusement disparu à l'automne, est apparu dimanche en larmes à la télévision chinoise, affirmant être allé en Chine de son propre chef pour se rendre à la police, onze ans après un délit de fuite.
Gui Minhai, qui a la nationalité suédoise et est le copropriétaire de la maison d'édition Mighty Current, réputée critique envers la Chine, était parti en voyage en Thaïlande et n'était jamais rentré chez lui, selon des médias hong-kongais. Depuis, quatre autres employés de cette entreprise ont également disparu.
Ces disparitions inquiètent les Hong-Kongais, persuadés que les cinq hommes sont détenus par Pékin qui durcit sa mainmise sur l'ancienne colonie britannique revenue dans le giron chinois en 1997 mais qui jouit d'un statut d'autonomie.
Dans son interview sur la chaîne officielle CCTV, filmée dans un centre de détention, Gui a raconté avoir fui la Chine après avoir été condamné pour la mort d'un étudiant dans un accident de voiture alors qu'il était ivre, bien qu'il n'ait été condamné qu'à deux ans de prison avec sursis.
"J'assume mes responsabilités légales et suis prêt à accepter tout châtiment", déclare-t-il en larmes, demandant pardon à la famille de l'étudiant mort.
Ni l'intéressé, ni la chaîne de télévision, n'a raconté à l'antenne comment Gui s'est retrouvé entre les mains de la police chinoise alors qu'il avait été vu la dernière fois en Thaïlande.
La Suède a convoqué les ambassadeurs de Chine et de Thaïlande, et enquêterait sur la disparition de son ressortissant. Mais Gui a appelé Stockholm à ne pas intervenir.
"Bien que j'aie la nationalité suédoise, au fond je me sens profondément chinois", déclare-t-il à la télévision d'Etat. "J'espère que les autorités suédoises respecteront mes choix, mes droits et ma vie privée, et me laisseront m'occuper de mes affaires".
"Cela relève de ma responsabilité. Je ne veux que personne ni aucune institution ne s'en mêle ou n'entrave mon retour. Ni de battage médiatique malveillant", insiste-t-il.
Ses explications n'ont pas convaincu sa fille, connue seulement sous le nom de Angela. Elle a affirmé au quotidien Apple Daily qu'il était impossible que son père se soit rendu volotairement aux autorités chinoises.
Nicholas Bequelin, directeur régional d'Amnesty International, a ironisé dans un tweet sur l'interview télévisée, "un scénario très sophistiqué, et un mélange habile de vérités, demi-vérités et de mensonges absolus".
Trois autres employés de la maison d'édition, dont son directeur général, ont disparu en octobre dans le sud de la Chine. Et le dernier à se volatiliser, Lee Bo, 65 ans, se trouvait chez lui, à Hong Kong, quand il a disparu fin décembre.