Place aux idées!
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Quelques centaines d'enfants, de familles, meurent noyés sur nos côtes, mais on ne parle pas des solutions pour que 500 millions d'Européens accueillent 2 millions de réfugiés.
Quelque 6 millions de Français sont privés d'emploi, mais on parle augmentation du temps de travail pour ceux qui en ont déjà.
Quelques millions d'autres emplois vont disparaître du fait de l'automatisation et de la robotisation, mais on parle assouplissement du code du travail.
Quelque 150.000 jeunes sortent en échec du système scolaire chaque année, mais on parle d'un accent circonflexe.
Quelques milliards de molécules chimiques polluent notre air et notre eau, mais on parle feux de cheminée.
Quelques milliers de Français partent faire le djihad et certains reviennent sans être repérés, mais on parle déchéance de nationalité.
Les conspirationnistes ont de beaux jours devant eux! Et ce n'est pas un peu d'humour ministériel ou d'un youtubeur qui convaincront. Étonnante priorité du Ministère de l'Éducation nationale d'ailleurs, que celle de lutter contre les théories du complot, quand des milliers de jours de classe ne sont pas assurés, faute de personnel. Nous avons vraiment l'art de regarder le doigt qui cache le sein qui devrait nous aider à gravir la forêt à 14 heures. Oui, nous marchons sur la tête; nous naviguons ainsi, au fil des semaines, de vaines polémiques en débats stériles, souvent lancés par ces professionnels de la politique dépourvus d'idées, disposant éventuellement du sens de la formule et de la caisse de résonance qu'est devenu notre système médiatique (système également capable de passer des semaines sur un chantage à la sextape ou des insultes de footballeurs).
Et, malheureusement, en plus de ces débats hystérisés autour de mesurettes idéologiques ou de scandales hanounesques, nous avons bien sûr droit aux histoires d'appareils et d'égos en vue de 2017. A gauche, on va passer quelques mois à débattre de l'opportunité d'une primaire, de son organisation, des modalités de discussions, des modalités de vote, etc. Pas sûr qu'on parle de fond avant 2017... A droite, entre les mises en examens et les règlements de compte entre la dizaine de candidats, il reste également peu de temps pour parler idées.
Heureusement que la société civile est là pour penser. La soif de politique et la volonté de faire bouger les lignes sont très présents dans notre pays; nombre de nos concitoyens ne croient plus en la capacité des partis traditionnels d'innover. Au vu des reniements récents que certains ont opéré pour une chaise en plastique au sein du gouvernement, les convictions et les idéaux semblent être des foutaises pour ces ambitieux; la crédibilité et la capacité de ces professionnels de la profession à insuffler un vent nouveau sont définitivement mises à mal (euphémisme).
De fait, les citoyens s'investissent, s'organisent et développent eux-même le monde dans lequel ils souhaitent vivre. Ils travaillent à imaginer le monde de demain et innovent. Dans chaque domaine, des organisations proposent et expérimentent comme ATD Quart Monde avec le "territoire zéro chômeur de longue durée": testé dans plusieurs micro-territoires, ce projet est devenu une loi adoptée à l'Assemblée nationale. Les multiples actions anti-gaspillage alimentaire portées par des bénévoles ont aidé des personnes à se nourrir et finalement une loi est passée pour empêcher les grandes surfaces de rendre impropres leurs invendus. Les Zèbres partagent des solutions concrètes à travers la France; les Colibris ont organisé 700 ateliers regroupant 2000 personnes pour formuler des propositions. De cette effervescence citoyenne naissent des solutions concrètes que nous devons considérer à l'échelle de notre pays.
Instant prosélyte: chez Nouvelle Donne nous rencontrons aussi bien sûr les écueils "organisationnels", inhérents à la jeunesse de notre formation et à notre ambition de faire de la politique autrement; mais, si il faut être exigeant sur la structure, il faut également passer à l'action et développer nos propositions et la vision de la société que nous souhaitons présenter à nos concitoyens.
La plupart de nos adhérents n'ont jamais été encartés auparavant et sont impliqués dans le milieu associatif; ils permettent ainsi d'alimenter nos commissions thématiques et d'éviter de réinventer la roue ou penser en vase clos, en s'appuyant sur la richesse des réflexions de la société civile. J'ai l'espoir que notre mouvement soit un des lieux de convergence de ces énergies citoyennes.
Il est maintenant nécessaire que toute cette pensée, cette créativité d'une France qui avance, qui se construit, qui tâtonne, qui se réinvente, émerge davantage dans le débat public; pour lui donner un peu de hauteur et lui insuffler cette dynamique citoyenne, chacun doit prendre sa part et s'impliquer en fonction de ses disponibilités. Nous pourrons ainsi exiger davantage de notre démocratie et la faire progresser. Peut-être même que nos médias nous aideront à faire davantage de place aux idées en dépassant cancans politiciens et polémiques stériles ?
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