Modernisation de l'élection présidentielle: le débat doit également se faire dans l'espace public
Nous prenons donc la parole afin de pouvoir offrir aux citoyens le débat que cette modification mérite.
Nous sommes contre l'article 4 de loi organique de modernisation de l'élection présidentielle. Cet article modifiera le temps de parole médiatique offert aux candidats à l'élection présidentielle pendant les cinq semaines précédant le premier tour de scrutin. En effet, jusqu'à maintenant un temps de parole égalitaire était accordé à tous les candidats à l'élection présidentielle afin de faire de ce moment central dans notre vie républicaine un vrai moment de débat où de nouvelles idées viennent enrichir le débat et se confronter à celles des partis dominants.
C'est l'occasion d'offrir aux français un moment de réflexion et de choix sur la vision à donner au pays. C'est aussi un moyen de rafraîchir le débat et de proposer d'autres perspectives, de montrer que d'autres solutions sont possibles. Alors que les médias d'habitude concentrent leur attention sur les mêmes personnes et idées, ce dispositif permettait d'accorder du temps à des idées nouvelles: un mécanisme indispensable à toute démocratie saine.
Mais l'article 4 vient modifier cela en raccourcissant ce temps de 5 à 2 semaines et en appliquant un temps de parole "équitable" pendant les trois autres semaines. Passer de "égalitaire" à "équitable" n'est jamais une avancée démocratique. Surtout lorsqu'on se penche sur la signification que prend équitable dans la loi, les médias accorderont leur temps de parole en fonction de: "la représentativité des candidats, appréciée, en particulier, en fonction des résultats obtenus aux plus récentes élections par les candidats ou les formations politiques qui les soutiennent et en fonction des indications d'enquêtes d'opinion; de la contribution de chaque candidat à l'animation du débat électoral."
On comprend alors aisément, qu'à part pour des termes peu quantifiables, les médias s'appuieront surtout sur les résultats des élections précédentes et donc donneront plus de visibilité à ceux qui en ont déjà et pourront ignorer les candidats qu'ils ne jugent pas assez porteurs d'audience. On entre alors dans un cercle vicieux où ceux qui n'arrivent pas à faire connaître leurs idées car ne sont pas invités par les médias, ne sont pas invités par les médias car leurs idées ne sont pas connues.
Pour ces raisons nous considérons que cet article est contraire à l'esprit de notre République. Cet esprit est celui où une nouvelle idée aura toujours le potentiel de se présenter aux français même si elle n'est pas issue des partis dominants qui contrôlent déjà une grande partie de la vie politique française. Cet esprit est celui où chaque citoyen peut s'emparer de l'avenir de son pays et proposer une vision à ses compatriotes. Cet esprit est celui qui fait que bien que nos institutions soient stables, leur utilisation peut être sans cesse renouvelée. Cet esprit est celui qui ne pourra jamais être monopolisé. Il n'est pas acceptable que les grands partis se garantissent législativement la majorité du temps de parole.
Nous prenons donc la parole car nous ne trouvons pas normal qu'une telle modification ne fasse pas l'objet d'un réel débat et surtout que ses enjeux ne soient pas clairement présentés aux Français. Nous trouvons également inadmissible que l'on supprime le potentiel pour de nouvelles idées d'émerger. C'est pourquoi nous appelons les Français à se renseigner et à faire connaître leur souhait quant à cette modification à leurs élus.
Le vote est à 16 h, si vous souhaitez continuer à interpeller vos élus par mail et réseaux sociaux, voici un outil, et également une page pour avoir les dernières informations concernant cette loi. Tous les parlementaires souhaitant s'associer à cet appel et le signer peuvent toujours le faire, contacter: signatures.parlementaires@gmail.com. Il n'est pas trop tard pour faire connaître votre opinion à vos élus et influencer leur vote!
Cette tribune est également signée par:
- Thierry Robert, député RRDP de la Réunion
- Jean Lassalle, député Non Affilié des Pyrénées Atlantiques
Lire aussi:
• C'est quoi une présidentielle moderne?
• 11 députés ne peuvent pas changer une loi votée par le peuple français
• Election présidentielle 2017: vers de nouvelles règles
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook
Également sur Le HuffPost: