Procès des "amants diaboliques": la victime et son bourreau "buvaient l'apéro" ensemble
Avant que le mari, militaire, ne soit assassiné à coups de pioche par l'amant de sa femme, les deux hommes se côtoyaient, une situation malsaine révélée lundi lors de la première journée du procès des "amants diaboliques" devant la cour d'assises de la Marne.
"Je présente mes excuses à la famille Thévenet", a déclaré Sébastien Chantereau, 26 ans, accusé, dont l'apparente impassibilité fut trahie par un léger bégaiement.
Déjà condamné à deux reprises pour violences aggravées, ce Rémois risque la réclusion à perpétuité pour l'assassinat de Julien Thévenet, militaire de 24 ans, un crime commis en janvier 2014 à Somme-Suippe, un village d'environ 500 âmes au nord de Châlons-en-Champagne.
Sa maîtresse, Sophie Richard, alors âgée de 24 ans, a maintenu avoir "administré des somnifères" à son mari, avec lequel le divorce était en cours, six mois après leur union.
"Sébastien Chantereau avait été présenté à Julien Thévenet comme un ami à elle", a indiqué Franck Cattini, directeur d'enquête, ajoutant que les amants s'étaient rencontrés sur internet et avaient entamé une liaison fin 2013.
Selon l'enquêteur, les deux hommes se fréquentaient au domicile du couple où "ils buvaient l'apéro et jouaient ensemble à la Wii (une console de jeu, ndlr). M. Chantereau connaissait bien la maison pour y avoir fait des travaux, de peinture notamment".
En sept coups de pioche, ce "ménage à trois", où les deux hommes entretenaient des rapports prétendument amicaux, a volé en éclats.
Lundi 27 janvier 2014, le corps de la victime a été retrouvé dans le garage du pavillon conjugal, "allongé sur le dos à côté de son véhicule", "une pioche posée sur le torse et une petite chaise d'enfant au-dessus de la jambe gauche", a précisé M. Cattini.
Après avoir tenté de maquiller le meurtre en cambriolage qui aurait mal tourné, les amants étaient passés aux aveux, sans préciser le jour du crime.
Que faisait donc Sébastien Chantereau dans un bar à Suippes, une commune voisine, vendredi 24 janvier vers 17 h, sirotant seul, comme l'a dit la tenancière du bar, "un demi-violette" ?
Des SMS équivoques datant du même jour laissent penser qu'ils auraient tué dès le vendredi Julien Thévenet, ce qui ne les a pas empêchés de passer leur dimanche dans un parc d'attractions avec les enfants de Sophie Richard, âgés de cinq ans et deux ans, présents au foyer au moment du drame.
L'accusé, qui a promis de dire "la vérité", s'exprimera mardi dans ce procès qui doit s'achever mercredi.