Mort d'une fillette au CHU de Créteil: sursis requis contre deux médecins
Camille, 6 ans, était décédée d'une septicémie après une banale opération: des peines de prison avec sursis ont été requises contre un chirurgien et une anesthésiste jugés vendredi à Créteil pour ce drame survenu en 2009 au CHU du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).
Le procureur a requis 12 à 18 mois de prison avec sursis à l'encontre du chirurgien et 8 à 10 mois avec sursis pour l'anesthésiste, considérant pour cette dernière "une différence dans le degré de responsabilité".
Une amende de 45.000 euros a été requise contre l?Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui gère l'établissement, également sur le banc des prévenus, tous jugés pour homicide involontaire.
"J'y pense tous les jours. (...) Ses parents me l'avaient confiée, j'assume toute la responsabilité", a déclaré d'emblée le chirurgien, 69 ans, la voix tremblante.
Ce 25 septembre 2009, Camille arrive dans son bloc opératoire pour une intervention classique dite "de Cohen" pour mettre un terme à ses infections urinaires chroniques.
La veille, un germe infectieux a été détecté dans les urines de la fillette, mais ni lui, ni l'anesthésiste qui l'accompagne ne consulte les résultats de cet examen obligatoire. Cela "aurait dû conduire au report de l'intervention chirurgicale", selon un collège d'experts mandatés lors de l'instruction.
Trop tard: la fillette, dont l'état se dégrade rapidement, décède d'un choc septique cinq jours après l'opération.
"Je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai oublié de vérifier. En 35 ans de chirurgie, j'ai toujours tout vérifié", a regretté le praticien, depuis à la retraite.
L'anesthésiste, 44 ans et toujours en poste au même CHU, a rejeté de son côté toute responsabilité, expliquant, comme lors de l'instruction, que les résultats du fameux examen ne figuraient pas dans le dossier d'anesthésie mais dans celui de chirurgie.
Les experts avaient également reproché à l'anesthésiste de ne pas s'être déplacée au chevet de la fillette, qui se plaignait de douleurs, trois jours après l'intervention.
L'interne de garde qui a examiné Camille "ne m'a pas sollicité pour aller la voir", s'est défendue la professionnelle, dont l'avocat a plaidé la relaxe.
Sa cliente a pointé la responsabilité de l'apprenti médecin qui, selon elle, "(lui) a parlé d'un état rassurant".
Depuis le drame, aucune intervention chirurgicale ne débute dans ce service sans la lecture d'une check-list devant l'ensemble du personnel soignant présent dans le bloc opératoire.
Le jugement a été mis en délibéré au 9 décembre.