Primaire de la droite: Jacques Séguéla avait-il le droit de voter sans être inscrit sur la liste?
PRIMAIRE DE LA DROITE - Assiste-t-on au premier couac d'envergure dans l'organisation pourtant minutieuse de la primaire de la droite? Alors que la participation s'annonçait conséquente en ce dimanche 20 novembre, accentuant le suspense sur l'ordre d'arrivée des favoris, de nombreuses personnes souhaitant voter ont été refoulées faute de figurer sur les listes électorales du bureau de vote où elles s'étaient présentées. Problème: d'autres ont manifestement bénéficié d'un passe-droit les autorisant à voter malgré leur absence sur les listes d'émargement.
Ce fut notamment le cas du publicitaire-star Jacques Séguéla. Comme l'a relevé un journaliste de L'Express, l'ancien proche de François Mitterrand puis soutien de Nicolas Sarkozy a été autorisé à déposer un bulletin dans l'urne malgré l'absence de son nom sur le cahier officiel. A sa décharge, le créateur du slogan "La Force tranquille" était venu accompagné de sa femme (qui elle figurait bien sur la liste) et avait eu la présence d'esprit de se munir de sa pièce d'identité et de sa carte d'électeur sur laquelle figure le numéro de son bureau de vote.
Jacques Séguéla n'était pas sur le cahier d'émargement, sa femme oui. Son nom a été ajouté à la main et il a pu voter. pic.twitter.com/slxfz3ZEnw
— Alex Sulzer (@Alexsulzer) 20 novembre 2016
Sur la foi de ces documents, son nom a été rajouté manuellement sur le cahier et Jacques Séguéla a donc pu voter à la primaire de la droite. Au vu du cliché diffusé par notre confrère de L'Express, il n'a pas été le seul dans cette situation.
De fait, ces exceptions ont été autorisées à la dernière minute par la Haute autorité de la primaire pour remédier aux (nombreuses) absences constatées sur les listes d'inscription.
L'équipe Juppé a contacté la Hauté Autorité sur les cas d'émargement à la main. La Hte Autorité valide s'il y a consensus parmi assesseurs.
— Alex Sulzer (@Alexsulzer) 20 novembre 2016
Un risque avéré de votes multiples
Cette situation pose malgré tout un premier souci: elle n'a pas été prévue dans le règlement pourtant pointilleux de la primaire. Cette modification de dernière minute n'ayant pas été communiquée dès le départ à tous les bureaux de vote, de nombreux électeurs sont repartis bredouille, induisant une inégalité devant le vote.
Second souci, autoriser un individu à voter sur la seule foi d'une carte d'électeur ouvre la voie à des votes multiples. C'est ce que redoute une lectrice du HuffPost qui nous a adressé ce témoignage alarmé depuis la mairie du 7e arrondissement de Lyon. Selon cette lectrice, "plus de 80 personnes avaient déjà été ajoutées manuellement sur les listes dans ce bureau avant midi". Les organisateurs du vote se seraient justifiés en indiquant que "la haute autorité et leurs supérieurs les ont avertis que des noms avaient été oubliés sur les listes et qu'ils pouvaient donc les ajouter manuellement".
Or, comme l'analyse justement notre lectrice lyonnaise, "sur la base de la simple présentation d'une carte d'électeur indiquant le numéro du bureau de vote, n'importe qui peut donc être rajouté manuellement sur les listes de ce bureau. Cela implique donc qu'une personne peut voter plusieurs fois dans plusieurs bureaux s'il a conservé ses anciennes cartes d'électeur."
Pas de quoi entraîner un bourrage d'urnes à l'échelle industrielle mais un couac qui pourrait ouvrir à la voie à des recours si l'un des candidats s'estime lésé.
Contactés par Le HuffPost, ni la Haute autorité ni le comité d'organisation n'étaient en mesure de nous répondre en milieu d'après-midi.
Lire aussi :
• Pourquoi la première place est un enjeu majeur du premier tour de la primaire...
• Pas de fraude avérée mais des petits bugs à travers la France
• Quand Sarkozy passe devant tout le monde pour voter, Juppé et Fillon font la queue
• Pourquoi les premiers résultats pourraient vous surprendre
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
À voir également sur Le HuffPost: