"La La Land" devrait étinceler aux Oscars
La comédie musicale "La La Land" devrait mener la danse aux Oscars dimanche et récolter une brassée de statuettes dorées, mais sa star Emma Stone aura pour rivale la Française Isabelle Huppert pour le trophée de meilleure actrice.
Le tapis rouge est déroulé, les statues d'Oscars géantes brillent et les embouteillages sont de retour à Hollywood à deux jours de la cérémonie, qui devrait être parsemée de claquettes, paillettes et d'élans politiques.
Avec un record de 14 nominations, "La La Land", véritable déclaration d'amour à Los Angeles et aux films de Fred Astaire, Ginger Rogers et Jacques Demy, devrait récolter selon le site de prédictions Goldderby.com jusqu'à 10 trophées, dont le meilleur film.
Damien Chazelle, prodige de 32 ans, pourrait devenir le plus jeune cinéaste sacré meilleur réalisateur.
"On ne peut pas faire plus à la mode que" lui, remarque Stephen Galloway, rédacteur en chef du Hollywood Reporter, qui qualifie cette romance douce-amère de "phénomène" qui a emballé la critique et le public.
Il affrontera notamment "Moonlight", drame intimiste et bouleversant sur un jeune garçon noir qui grandit dans un quartier difficile auprès d'une mère toxicomane. Son interprète Mahershala Ali est pressenti pour le meilleur second rôle masculin.
- Monstres sacrés -
Egalement poignant, "Manchester by the sea", de Kenneth Lonergan, sur un homme brisé par son passé et forcé soudainement de s'occuper de son neveu, affiche six nominations dont celle du meilleur acteur, grâce à la performance acclamée de Casey Affleck, qui sort enfin de l'ombre de son célèbre ainé Ben.
Denzel Washington le dépasse toutefois d'une tête dans les pronostics pour "Fences", et pourrait assoir sa place dans l'histoire du septième art: il est déjà le seul afro-américain à avoir décroché deux Oscars et pourrait entrer dans le très petit club des acteurs à en compter trois.
Viola Davis, qui lui donne la réplique dans cette adaptation d'une pièce qu'ils ont jouée à Broadway, est anticipée comme lauréate du second rôle féminin.
Quant à Emma Stone, elle est largement en tête des paris chez les actrices après avoir déployé son charme, sa voix et son humour dans "La La Land".
"Si elle ne gagne pas, ce sera juste parce qu'elle donne l'impression que c'est facile, qu'on ne la voit pas imiter un accent ou porter un faux nez", estime Stephen Galloway.
Elle incarne Mia, jeune actrice qui tombe amoureuse de Sebastian, un pianiste de jazz puriste interprété par Ryan Gosling, lui aussi en sélection.
La comédienne de 28 ans aux yeux turquoises aura pour rivale une autre rousse: Isabelle Huppert, nommée pour sa performance époustouflante dans "Elle", où elle incarne une femme violée qui traque son agresseur.
C'est la première nomination de la star française qui a déjà obtenu un Golden Globe pour ce rôle après avoir brassé tout les prix imaginables ailleurs, et qui voit à 63 ans sa carrière encore accélérer.
- Oscars moins blancs -
Natalie Portman est également finaliste pour la même statuette, grâce à son interprétation magistrale de Jacqueline Kennedy dans "Jackie".
Meryl Streep améliore son record de nominations - 20 - pour son interprétation tragi-comique d'une cantatrice qui chante faux dans "Florence Foster Jenkins".
Après deux années où l'Académie qui remet les Oscars avait été vertement critiquée pour sa sélection d'acteurs tous blancs, la polémique semble apaisée: un record de six acteurs noirs est en lice.
Le combat de la diversité n'est toutefois pas gagné: les Hispaniques, les Asiatiques, les Amérindiens et les femmes restent sous-représentés dans l'industrie cinématographique.
Tout au long de la saison des prix hollywoodiens, les artistes ont profité de la tribune qui leur était offerte pour dénoncer le président américain Donald Trump et sa politique anti-immigration.
Donald Trump a en outre osé s'en prendre au Graal en janvier en traitant d'actrice "sur-évaluée" Meryl Streep, après un discours où elle le critiquait aux Golden Globes.
L'animateur Jimmy Kimmel, qui présidera la 89e soirée des Oscars au Dolby Theater de Los Angeles, a dit au quotidien New York Times que son monologue inaugural serait "au moins 50% consacré" au président républicain.