Geert Wilders, le faux-double de Marine Le Pen qui rêve de prendre la tête des Pays-Bas
POLITIQUE - Le 21 janvier dernier, profitant d'un congrès des droites extrêmes européennes, Marine Le Pen et son allié néerlandais Geert Wilders avaient entonné le même refrain: 2017 verra la victoire des partis populistes du continent. "Hier une nouvelle Amérique, demain une nouvelle Europe [...] nous sommes à l'aube d'un printemps patriotique", prophétisait le chef de file de l'extrême droite des Pays-Bas. "2016 a été l'année où le monde anglo-saxon s'est réveillé. 2017 sera, j'en suis sûre, l'année du réveil des peuples de l'Europe continentale", lui avait répondu son homologue française.
L'une rêve d'être élue présidente de la République en mai prochain. L'autre caresse l'espoir de devenir premier ministre des Pays-Bas à l'issue des élections législatives de ce 15 mars. Pour y parvenir, tous deux s'appuient sur leurs destinées réciproques pour imposer leur vision commune d'une Europe des nations barricadée dans ses frontières nationales, hostile à l'Islam et aux réfugiés qui affluent depuis la Syrie et la Libye.
Malgré des sondages historiquement favorables, leurs campagnes respectives n'ont toutefois rien d'un long fleuve tranquille. Annoncé juste derrière le premier ministre sortant conservateur Mark Rutte, du parti populaire libéral et démocrate (VVD), Geert Wilders demeure isolé sur la scène politique néerlandaise. Et même s'il parvenait à imposer son Parti pour la Liberté (PVV) comme la première force du pays, il y a toutes les chances pour qu'il ne soit pas en capacité de gouverner, les autres formations politiques néerlandaises ayant par avance exclu toute alliance.
Comme un écho à la solitude de Marine Le Pen, annoncée en tête du premier tour de la présidentielle, mais donnée battue dans tous les cas de figure au second.
Deux tons différents pour une même vision
Si les deux dirigeants prônent tous deux la remise en cause de l'Europe de Maastricht, de Lisbonne et de Schengen, ces faux jumeaux du Parlement européen, où ils ont cofondé le groupe eurosceptique ENL, sont loin d'être alignés sur l'économie et surtout sur les questions de société. Le chef de file du PVV, reconnaissable entre tous à sa chevelure peroxydée, est un libéral, défenseur des droits des homosexuels et des femmes quand la cheffe de file du FN revendique un ancrage ni-gauche, ni droite, promet l'abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour tous et tolère l'expression de positions anti-avortement dans son parti.
Surtout, Geert Wilders a bâti son image de candidat sur un discours extrêmement violent vis à vis des immigrés, notamment marocains, quand Marine Le Pen n'a eu de cesse de se dédiaboliser en "laïcisant" et "républicanisant" son offensive contre les musulmans et les étrangers.
Prenant volontiers exemple sur les outrances de Donald Trump contre les Mexicains, Wilders s'est distingué par ses diatribes contre "la racaille marocaine" après s'être offert une condamnation pour discrimination, et par ses promesses d'interdire la construction de mosquée ou le Coran. Des propositions très dures censées trouver un écho dans une société néerlandaise attachée aux droits des femmes et des homosexuels, menacés par le "conservatisme" islamique.
Si Marine Le Pen a fini par afficher son soutien au tonitruant président américain, celle-ci évite autant que possible d'afficher des positions ouvertement xénophobes ou islamophobes. Elle ne se prive pas toutefois d'assumer sa lutte contre "l'islamisation" au nom de la défense des droits des femmes.
Les "quarts de finale du populisme"
Si les différences entre les deux chefs de file sont notables, la longue période d'austérité de ces dernières années leur a permis de se rapprocher sur le fond. Geert Wilders a notamment fait de sa promesse de revenir à la retraite à 60 ans l'une de ses armes favorites pour contrer le premier ministre sortant qui l'a faite passer à 67. Tout comme l'explosion des frais de soins aux Pays-Bas, imposée par la majorité conservatrice sortante.
A son image, Marine Le Pen étrille régulièrement François Fillon pour sa proposition de réforme de la Sécurité sociale et promet, en principe, de rétablir le départ à la retraite à 60 ans pour tout le monde.
Qu'importe d'ailleurs leurs préférences respectives, Marine Le Pen et Geert Wilders sont convaincus que l'Union européenne vit ses dernières heures. Et qu'une fois l'UE démantelée, chacun conduira la destinée de sa nation comme il l'entend.
Mark Rutte, principal rival de Geert Wilders, a bien résumé l'enjeu: "On peut dire que ces élections sont les quarts de finale pour essayer d'empêcher le mauvais populisme de gagner. Les demi-finales sont en France en avril et mai et ensuite, la finale en Allemagne en septembre."
Lire aussi :
• Une ministre turque expulsée des Pays-Bas, des manifestants dispersés
• À Châteauroux, Marine Le Pen va plus loin dans le discours complotiste
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
À voir également sur Le HuffPost: