Des milliers de manifestants à Londres contre le Brexit, le jour des 60 ans du Traité de Rome
INTERNATIONAL - Bon 60e anniversaire l'Union européenne! Des dizaines de milliers d'Européens ont gagné les rues de Londres, Berlin ou Rome pour marquer leur attachement à l'Union des 28, aujourd'hui fragilisée par le Brexit britannique qui débute officiellement mercredi 29 mars.
A Londres, sous un beau soleil et avec pour mots d'ordre "Unis pour l'Europe" et "Faites entendre votre voix, arrêtez le Brexit", 80.000 personnes, selon les organisateurs, ont foulé les rues malgré les mesures de sécurité renforcées après l'attentat de mercredi devant le Parlement.
Parés de nombreux drapeaux européens bleus aux étoiles dorées, ils brandissaient une multitude de pancartes où l'on pouvait notamment lire: "Demain les montres reculent d'une heure. Mercredi, elles vont reculer de 40 ans", "Le terrorisme ne va pas nous diviser, le Brexit si", "J'ai 15 ans, je veux qu'on me rende mon avenir" ou "Nous n'avons pas peur".
Beaucoup de drapeaux de l'Union européenne #UniteForEurope #brexit #londres pic.twitter.com/MtAd24mvgi
— Stéphane Beaugeard (@StephBeaugeard) 25 mars 2017
Une minute de silence a été observée à Parliament Square où d'innombrables bouquets de fleurs ont été déposés, en hommage aux quatre personnes tuées mercredi et à la cinquantaine de personnes blessées par Khalid Masood, un Britannique de 52 ans qui a fauché plusieurs personnes avec sa voiture sur le pont de Westminster avant de poignarder à mort un policier devant le Parlement.
???????? Londres : plusieurs milliers de manifestants anti-Brexit dans la rue#EU60 ➡ https://t.co/oPAfW0k8Qp pic.twitter.com/VcNP2f4T9j
— M6info (@m6info) 25 mars 2017
A Rome, plus de 10.000 personnes ont défilé sous un franc soleil et dans une ambiance bon enfant au son de "Bella Ciao" en direction du Colisée. Les manifestants marchaient sous les couleurs rouge et vert de "Notre Europe", en faveur d'une union libérée des murs, de l'austérité et du racisme.
"L'UE, 'mon idéal politique"
"C'est le 60e anniversaire d'un traité qui s'est fait quand j'avais 15 ans. Je suis une fille de la guerre et ce grand mouvement européen est devenu mon idéal politique", a expliquéCatherine Chastenet, une retraitée parisienne de 74 ans. Environ 6.000 personnes selon les organisateurs ont également défilé à Berlin jusqu'à la Porte de Brandenburg. Cette "marche pour l'Europe" se voulait apolitique, une célébration de "l'idée de l'Europe".
Des pancartes "Encore plus d'Europe", "l'UE n'est pas morte", "mieux ensemble" étaient brandies par la foule. "2016 a été une année terrible pour l'Europe et le monde, nous allons faire de 2017 l'année de l'espoir, l'année des peuples qui se lèvent et disent 'c'est notre Europe'", ont scandé les organisateurs encadrés par des DJ mixant de la musique techno à plein volume.
A Bruxelles, 600 personnes seulement se sont réunies à proximité du Parlement européen en début d'après-midi.
Une Europe en pleine tempête
En Pologne, dans des dizaines de villes du pays, les manifestants s'étaient donné rendez-vous à midi pour chanter "l'Ode à la joie" de Beethoven, hymne officiel de l'UE. Les Polonais sont majoritairement europhiles, les sondages montrent de façon récurrente que 80% des Polonais soutiennent l'appartenance à l'UE, vue comme une source de croissance économique.
C'est une Europe en pleine tempête qui célèbre son 60e anniversaire face aux vents de la discorde, du doute et de la défiance populaire. Brexit, mais aussi vagues migratoires, marasme économique, attentats jihadistes et repli identitaire: conçue à six pour reconstruire l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, l'Union à 27 traverse la pire crise de son histoire.
Les dirigeants européens ont affirmé samedi à Rome leur volonté de se remobiliser, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker promettant qu'"il y aura un 100e anniversaire de l'UE".
François Hollande avertit le Royaume-Uni
De son côté, François Hollande a affirmé que Londres devra "payer nécessairement les conséquences" du Brexit. "Nous ferons en sorte" que le Brexit "ne soit pas au détriment de l'Europe", a-t-il notamment averti, avant de tempérer: "nous ferons en sorte que le Royaume-Uni reste un partenaire de l'Union."
Le président de la république a également mis au défi depuis Rome les candidats à la présidentielle française, partisans d'une sortie de l'Union européenne, de "démontrer aux Français que "ce serait mieux" en dehors de l'UE, alors que c'est "impossible."
"Il y en a qui veulent quitter l'Europe? Eh bien qu'ils démontrent aux Français que ce serait mieux tout seuls, que l'on pourrait lutter contre le terrorisme sans la coordination indispensable au plan européen, que l'on pourrait protéger nos frontières sans avoir de garde-côtes qui puissent le faire là où il y a des arrivées de migrants et de réfugiés, qu'ils démontrent que sans la monnaie unique, sans le grand marché il y aurait plus d'emplois, plus d'activités, un meilleur pouvoir d'achat", a lancé François Hollande à la presse, avant de conclure: "Eh bien, ils ne pourront pas faire cette démonstration parce qu'elle est impossible!"
Lire aussi :
• Juste avant le Brexit, l'unique député du parti europhobe Ukip quitte Ukip
• Cet auditeur prend le populiste britannique Nigel Farage à son propre jeu
• Nigel Farage, leader des pro-Brexit, démissionne de la présidence de Ukip
• L'ex-leader de Ukip et Donald Trump se couvrent de compliments
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost