Avec 30 tonnes de matériaux récupérées et 20 revendues, cette matériauthèque est en passe de réussir son pari
![Avec 30 tonnes de matériaux récupérées et 20 revendues, cette matériauthèque est en passe de réussir son pari](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/materiautheque-les-chutes-de-la-dore-a-marsac_6837071.jpeg)
Ouverte depuis un an et demi, la matériauthèque Les Chutes de la Dore, située à Marsac-en-Livradois (Puy-de-Dôme), a trouvé son public, avec 350 adhérents, 30 tonnes de matériaux récupérées en 2023, dont 20 revendues. Un beau succès qui prouve que le réemploi et ses vertus fonctionnent. Le phénomène devrait s’amplifier avec l’embauche d’un salarié
Réemployer des matériaux de bricolage ou de construction, faire faire des économies aux adhérents, détourner des déchets de la filière classique qui débute par la déchetterie, créer un espace partagé autour du bricolage, ou encore échanger des savoir-faire. Multiples fonctions, et multiples succès, pour la matériauthèque de Marsac-en-Livradois, baptisée les chutes de la Dore, ouverte en septembre 2022.
Des caissons de récupération dans les sept déchetteries du territoire"Ça fonctionne parce qu’en 2023 on a collecté 30 tonnes de matériaux, et on en a revendu 20", se félicite Dorine Amiet, co-fondatrice de l’association et membre du comité de pilotage qui gère la structure.
Elle en explique le fonctionnement : "Dans les sept déchetteries réparties sur la communauté de communes Ambert Livradois Forez, nous avons des caissons, destinés à la matériauthèque. Les particuliers et quelques professionnels mettent certains matériaux qu’ils veulent jeter, dedans, et nous les collectons ensuite."
"Sur le caisson, une affiche explique notre projet. Mais le bouche-à-oreille fonctionne bien aussi. Et pour tous ceux qui n’auraient pas de moyen de transport, nous collectons au domicile, sur rendez-vous. D’autres encore nous amènent directement les matériaux au local." La suite se passe donc à la matériauthèque. Deux fois par semaine, (mercredi après-midi et samedi toute la journée), les biens récupérés sont mis en vente.
Du prix libre jusqu’à moins 60 %Pour acheter, continue Dorine, il faut être adhérent. Nous étions 350 à la fin de l’année 2023. On fonctionne parfois avec des prix libres. D’autres fois, les matériaux en très bon état sont fixés à 40 ou 60 % de moins par rapport au prix neuf. Et quand on ne sait pas trop, on regarde le prix moyen de l’occasion.
Un processus final qui permet donc de ne pas tout jeter, et de rendre des matériaux accessibles à tous. "Il y a un phénomène d’amplification au fil des mois, mais aussi saisonnier, quand les maisons secondaires rouvrent. C’est dans tous les cas encourageant pour les années à venir."
Une embauche pour répondre aux enjeux à venirDans ces années à venir, plusieurs filons à exploiter pour Les Chutes de la Dore. Le volet artisans et professionnels pour compléter l’offre des particuliers. Mais aussi une nouvelle réglementation sur laquelle il faudra compter : "Lors de rénovations, les matériaux anciens de construction pourront être ramenés à la source. Par exemple, une enseigne qui vous vend des fenêtres sera dans l’obligation de récupérer les vieilles. Et nous, on souhaite être visibles en tant que maillon de la chaîne, espère Dorine. Cette partie du réemploi devrait se développer, et il est possible que ça nous ouvre des portes. Le chantier devrait être énorme."
Pour répondre aux enjeux, une embauche est prévue, pour la mi-avril.
Il va falloir doubler les rentrées d’argent, mais c’est un investissement sur le long terme.
Développer les marchés, oui, mais aussi les ateliers pour les adhérents, afin de bricoler sur place, ou encore ceux d’apprentissage. Une fois par mois, soudure, scie à chantourner, ou encore matériel électroportatif, les démonstrations sont nombreuses pour apprendre à manier le matériel. Et être encore plus autonome et indépendant.
Alexandre Chazeau
Que récupèrent-ils ? "En majorité nous avons beaucoup de lavabos, des sanitaires (douches et toilettes), du carrelage, des sacs d’enduits, de la peinture, des tuiles en petite quantité", liste Dorine Amiet. Mais la matériauthèque héberge aussi du métal, du parquet ou des plaques de placo. Parpaings, outils de bricolage, grillage et quincaillerie ne sont pas rares. "Nous avons aussi de la laine de verre, et ça tombe bien, parce qu’il y a une forte demande en isolant pour des petites parties de maison. Par contre, on ne prend pas les radiateurs électriques", précise Dorine.