Florent Manaudou : "A chaud, je me pose plein de questions"
Florent Manaudou a terminé deuxième du 50m nage libre (21"15) aux championnats de France petit bassin de Chartres. Battu par Maxime Grousset (21"03), le membre du Cercle des nageurs de Marseille est apparu assez remonté après la course. Il est revenu avec nous sur sa performance de la soirée, avec un brin d'amertume et son lot de remise en questions.
On t'a vu plutôt en colère après ta course...
Oui, ça m'énerve. Ça m'énerve parce que je ne fais pas tout bien pour nager une seconde moins bien que mon meilleur temps. C'est dur... A chaud, je me pose plein de questions. Il faudra voir demain, là j'essaye de rester professionnel, de ne pas trop montrer mon énervement (il sourit), mais il y a quelque chose qui ne va pas, donc à voir ce que c'est. Techniquement, ce n'est pas trop mal, ce matin c'était très bien. Hier, sur le relais, c'était très bien aussi. Sur ma course, ce n'est pas finir deuxième qui m'énerve, c'est le temps. J'aurais pu finir premier en 21"15, j'aurais aussi été dégoûté. C'est frustrant de ne pas savoir pourquoi en fait. A voir comment il faut l'analyser, mais là je suis content d'avoir nagé le 50m dos (avec le relais 4x50m 4 nages mixte, qu'il a remporté avec le CN Marseille) et que je crée du lactate. Je suis à 23 (il montre son doigt entouré par un mouchoir pour épancher le sang), alors que j'étais à 16 après le 50m crawl. Je n'arrive pas à créer instantanément ce qui était ma force. Je dois travailler dans ce sens là, je pense.
Est-ce aussi parce que tu es à fond et c'est plus embêtant quand on s'entraîne bien, de ne pas pouvoir faire les temps que l'on souhaite ?
Honnêtement, à chaud, je me dis : "Pourquoi je nage encore ?". Ça ne m'amuse pas de faire ça. Je ne suis pas dans l'attente de la progression, je sais que je ne vais pas faire mes meilleurs temps, mais il y a une limite quand même. Etant donné que j'ai déjà validé tous mes challenges sportifs (il sourit) et que j'ai 32 ans, j'ai aussi envie de voir autre chose. Faire un bon temps, ça raccroche à l'entraînement et à la performance. Dès que l'on fait un mauvais temps, il y a deux réactions : soit ça m'éloigne, soit ça me remet vraiment dedans, mais il va falloir voir dans plusieurs mois les progrès quand même, parce que ça manque un peu.
Tu avais rebondi justement à Chartres l'année dernière...
Oui, mais à ce moment-là j'étais entraîné. Là, je pense que j'ai un gros manque d'entraînement. Normalement, tous les jours je dois être capable de nager 20"8/20"7, c'est ce que j'ai fait sur tous les championnats de France, même en 2019 à mon retour. Le petit bassin est quand même une de mes forces normalement : je suis explosif, j'ai de la force sur les murs. Donc c'est un peu frustrant et j'ai envie de trouver des réponses pour savoir dans quel sens aller, mais je vais voir ça avec mon entraîneur et d'autres membres du staff.
Est-ce que ce que le relais d'hier ne t'avais pas rassuré un minimum quand même ?
Si, si, c'était très bien. En fait, je pense que je ne maîtrise pas encore le truc à 100%. Ce soir c'était une course sur laquelle je voulais aller à fond et tout donner. Je vois que ça ne marche pas. C'est beaucoup mieux ce que j'ai fait hier : 20"7 à 90% avec de la vitesse facile, comme c'était prévu. C'était très bien aussi ce matin, 21"6 plutôt facile, j'étais vraiment bien. Mais dès que je passe la seconde, entre guillemets, ça devient un peu brouillon. Il faudra revoir la course...
A Chartres, Louis Delvinquière