Huit mois ferme pour le chauffeur espagnol intercepté sur l'A75, dans le Puy-de-Dôme, avec 156 kg de résine
Un chauffeur routier colombien résidant en Espagne depuis près de vingt ans a été contrôlé par les douanes de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), ce samedi, sur l'autoroute A75. La remorque de son poids lourd contenait, outre des plaques de métal, 156 kg de résine de cannabis, conditionnée dans des "valises marocaines". Valeur marchande : plus de 833.000 euros.
Les douaniers de la brigade de surveillance intérieure (BSI) de Clermont-Ferrand ont eu, une nouvelle fois, la bonne intuition en contrôlant un camion espagnol, ce samedi, sur l’autoroute A75, dans le Puy-de-Dôme.
Escorté jusqu’à l’aire d’Authezat, le poids lourd, parti quelques heures plus tôt de Barcelone, se dirigeait vers les Pays-Bas et transportait, « officiellement », des plaques en métal.
Une valeur marchande estimée à plus de 833.000 eurosLes douaniers, comme ils le pressentaient, se sont pourtant vite aperçus que la remorque contenait autre chose : plusieurs « valises marocaines » (*) renfermant, au total, 156 kg de résine de cannabis, d’une valeur marchande estimée à 833.400 euros.
Entourés de film plastique, ces paquets étaient également enduits de pommade décongestionnante à base d’eucalyptus, supposée masquer l’odeur si caractéristique des stupéfiants…
Placé en retenue douanière, puis en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire clermontoise, le chauffeur, un Colombien de 53 ans domicilié à Saragosse, a nié savoir ce qu’il convoyait, comme il l’a répété, ce mercredi après-midi, devant le tribunal correctionnel clermontois, où il était jugé en comparution immédiate.
Ancien routier, il continue à conduire clandestinementChauffeur routier pendant plus de quinze ans, il avait dû quitter son activité en raison de la maladie de Parkinson dont il est atteint pour se consacrer à la menuiserie. Sans pour autant abandonner complètement les camions, puisqu’il lui arrive, depuis six mois, afin de compléter ses maigres revenus, de reprendre le volant, sans être déclaré, pour des « missions ponctuelles » assez intrigantes, pour le compte d'une obscure petite société de transport barcelonaise.
Contacté par un mystérieux « Eduardo » (qui l’a d’ailleurs appelé à de nombreuses reprises, sur son portable, durant sa garde à vue…), il effectue des convoyages réguliers à travers l’Europe, affirmant « ignorer » ce qu’il transporte dans ses remorques.
« Elles sont scellées avant que je prenne les camions et ce n’est pas moi qui décharge à l’arrivée », a-t-il soutenu.
Trente mois de prison ferme requis par le parquetLa procureure de la République, Gaëlle Bonaldi, n’a pas été convaincue par cette version. Estimant que « tout indique que le prévenu connaissait la nature de son chargement », elle a requis trente mois de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Notant que le quinquagénaire colombien « n’est qu’une petite main de ce trafic », Me Inna Shveda, en défense, a sollicité « la clémence » du tribunal, « eu égard à son état de santé précaire et son absence d’antécédents judiciaires ».
Des arguments auxquels le tribunal semble avoir été sensible. Le chauffeur a été condamné à huit mois de prison et aussitôt écroué.
Il lui sera aussi interdit, à sa sortie de détention, de se rendre pendant dix ans sur le territoire français et il devra s’acquitter d’une amende douanière de 468.000 euros.
Christian Lefèvre
(*) Des ballots rectangulaires, entourés d’une toile de jute synthétique, dans lesquels sont conditionnées les plaquettes de résine.