Du biplan à l'Airbus : entre Vichy et l'aviation, un lien plus que centenaire (et des anecdotes marquantes)

Le baptême d'un tout nouvel Airbus A350 au nom de Vichy est le dernier chapitre en date d'une longue histoire reliant Vichy à l'aviation. Retour, en quelques dates marquantes et émaillées de faits insolites, sur ce lien qui a longtemps fait de la reine des villes d'eau une non moins réputée cité des airs (*).

1909 : naissance, meeting...et ouragan

Création de l’aéro-club de Vichy, sous l’impulsion de Joseph Aletti (qui développe à la même époque le rayonnement hôtelier de la ville). Après qu'une implantation au niveau de l'actuel hippodrome avait été envisagée, un champ d’atterrissage est ouvert au niveau de l’actuelle presqu’île de la Croix-Saint-Martin, du côté d’Abrest. Un premier meeting aérien est organisé durant l’été, mais il est perturbé par une violente tempête. "Avec les hangars et les tribunes, les seules victimes furent les appareils des aviateurs. Comment aucune personne n'est-elle restée sous ces ruines ? C'est un miracle de la Providence", lit-on alors dans la presse locale. 

Le conseil municipal acte la création à Vichy d’un nouvel aéroport. Celui-ci est aménagé sur l’actuelle zone industrielle de Vichy-Rhue. La légende raconte qu’à l’époque, pour s’y poser, un avion était passé à flanc d’Allier, sous le pont Boutiron. Meetings et baptêmes de l’air se font toujours plus nombreux et populaires. Un certain Antoine de Saint-Exupéry est reçu sur place, ainsi que Maryse Bastié. 

Dès 1929, l'aérodrome de Vichy se déploie sur les terrains de Rhue, qui laisseront place dans les années 1960 à des entreprises (aujourd'hui l'Oréal, notamment).

Des liaisons avec Nice, Cannes, Biarritz et même Genève et Londres se développent. Via notamment des escales à Lyon. Partis de Vichy à 14 heures, des avions arrivent à Orly à 17 heures. En passant par le Bourget, il faut 5h30 pour rallier la ville thermale à Londres.  

L’aéro-club laisse la place à une base aérienne, bientôt investie par les Allemands. Ces derniers, à leur départ en 1944, détruisent l’infrastructure.

Tout en conservant le terrain de Rhue, devenu trop exigu, le conseil municipal de Vichy, sous l’impulsion de Pierre Coulon, acte la création d’un nouvel aérodrome à Charmeil. Pour le maire de Vichy, une telle infrastructure est une "nécéssite vitale" pour le développement de la ville. L'aéroport de Vichy-Charmeil, avec sa piste de 1.600 mètres orientée nord-sud, est inauguré en 1954. Un imposant Bréguet Deux-Ponts d’Air France, en provenance d’Algérie, s’y pose. Des liaisons se développent avec l’Afrique du Nord, opérées par Air France. Durant plusieurs années, le terminal de Vichy-Charmeil a accueilli des voyageurs venus de plusieurs pays étrangers.

Une Caravelle, avec ses impressionnants réacteurs, se pose sur le tarmac de Vichy-Charmeil. Vingt ans plus tard, ce sera au tour du Concorde. La piste est allongée à 2.200 mètres.  

En marge d’un Festival du film aéronautique et spatial, organisé par l’Aéro-club, Youri Gagarine, célèbre cosmonaute soviétique, premier humain à avoir volé dans l’espace, est reçu avec les honneurs à Charmeil. Cette même année, l’Aéro-club de Vichy s’installe définitivement à Charmeil. Les terrains de Rhue sont laissés libres pour l’implantation d’entreprises.

La fréquence des vols nationaux et internationaux reste intense. L'aéroport de Vichy est l'un des plus actifs de la région. Jusqu'à neuf vols commerciaux peuvent être opérés au quotidien. En 1983, le Concorde se pose sur le tarmac de Vichy-Charmeil.

Après avoir reçu sur son tarmac un Bœing 707 et le mythique Concorde, l’aérodrome de Vichy-Charmeil se distingue surtout par l’organisation de meetings. Les vols commerciaux, détournés vers Clermont-Aulnat, laissent progressivement la place à des vols privés.

L'aéroclub voit se développer l'activité de vols en ULM. Les grands vols commerciaux n'existent plus. Des meetings aériens, mais aussi des compétitions de voitures de collections, dragsters et parachutisme continuent d'attirer la foule sur un aérodrome animé par un aéroclub toujours aussi dynamique.  Dans les années 2000, l'aérodrome se tourne davantage vers les loisirs, comme ici avec la voltige.

(*) Avec l’appui de l’ouvrage de référence de Monique Blanquet-Léger, Un siècle d’aviation à Vichy, de 1909 à nos jours. 

Pierre Geraudie

Photos Archives La Montagne