L’association Viltaïs (Moulins) a choisi de s’affilier à un grand groupe français de l’économie sociale et solidaire
Basée à Moulins, l’association Viltaïs va s’affilier à un grand groupe français de l’économie sociale et solidaire dont l’identité sera officiellement dévoilée le 21 février. Son président, Jacques Lahaye, et son directeur général, Yannick Lucot, expliquent les raisons de ce choix.
L’association Viltaïs traverse-t-elle des difficultés financières ?
Jacques Lahaye : " Il n’y a pas de difficultés financières, il n’y a pas de problèmes de gestion, ni de déficit. Mais il y a, et c’est très différent, des tensions de trésorerie pour faire face à nos dépenses de fonctionnement et des problèmes de financement pour poursuivre notre développement ".
D’où viennent ces problèmes de trésorerie ?
Yannick Lucot : " La problématique, c’est l’argent que l’État nous doit en ce qui concerne notre prise en charge des réfugiés et des demandeurs d’asile. À ce sujet, je vais vous donner un exemple. Il concerne le dispositif de réinstallation des réfugiés, un budget de 3,5 M€ par an. Viltaïs commence l’année en janvier et est payée par l’État à hauteur de 47 % en novembre. Aucune entreprise n’est capable de soutenir ça ! Si nous étions réglés dans les délais, il n’y aurait pas de soucis. Alors on veut bien entendre les contraintes de l’État, d’autant que, sur la réinstallation des réfugiés, ce sont des fonds qui viennent de l’Europe. Mais ce n’est pas le sujet de Viltaïs, Viltaïs n’est pas en lien avec l’Europe. C’est l’affaire de l’État ".
En résumé, vous dites que vous rencontrez des problèmes de fonds de roulement de trésorerie provoqués par le décalage des paiements de l’État…
Yannick Lucot : " C’est ça. Viltaïs a rencontré la préfète de l’Allier pour lui expliquer ce problème. Mais notre association rayonne plus largement, elle travaille avec 340 salariés dans 26 départements et 6?régions. C’est une grosse machine. Pour parler de ces décalages, j’ai rendez-vous le 26 février avec le directeur général des étrangers en France, Eric Jalon, le bras droit de Gérald Darmanin sur les politiques migratoires.
Viltaïs a-t-elle choisi de passer sous la gouvernance d’un grand groupe français de l’entrepreneuriat social et solidaire ?
Yannick Lucot : " Ce n’est ni une absorption, ni une fusion, mais une filialisation. On ne peut pas en parler ou donner le nom de ce groupe, tant que cette filialisation, qui a été acceptée à l’unanimité par notre conseil d’administration, n’est pas passée en assemblée générale extraordinaire (*) ".
Pourquoi ce choix de s’affilier à un grand groupe ?
Jacques Lahaye : " Notre choix rejoint notamment ce que nous venons d’expliquer sur notre besoin en trésorerie. Viltaïs a encore beaucoup de potentialités de développement. Et si nous ne voulons pas être coincés par rapport à ces possibilités, si nous voulons continuer à être novateur et à défendre notre territoire, il ne faut plus que nous ayons constamment ce souci de nous demander si nous allons être capables de terminer le mois, de faire les payes des salariés, de régler nos fournisseurs. Donc, en effet, nous allons nous affilier à un grand groupe qui va nous apporter de meilleures marges de manœuvre. Mais se filialiser, ça ne change rien. C’est comme un restaurant qui intègre une chaîne. Viltaïs reste exploitant mais, avec derrière elle, toute une infrastructure très importante ".
" ?Pour Viltaïs, cette affiliation est une perspective réjouissante "Yannick Lucot : " Viltaïs reste Viltaïs. La convention collective reste la même, le président, les dirigeants, le nombre de salariés restent les mêmes. Pour Viltaïs, cette affiliation est une perspective réjouissante. Car, aujourd’hui, nous avons stoppé notre développement. Il y a plein de projets que nous ne pouvons pas honorer… "
Jacques Lahaye : "… Notamment parce que nous n’avons plus de capacités d’emprunt. On s’affilie à une grande structure appartenant à l’économie sociale et solidaire et qui pourra nous prêter de l’argent à un taux de 0 %, alors que les banques peuvent nous demander jusqu’à près de 6 % ".
Et pour ce grand groupe, quel est l’intérêt de vous affilier ?
Jacques Lahaye : " Ce n’est pas pour notre chiffre d’affaires. Nos 31 millions d’euros, pour lui, c’est tout petit. Son intérêt se joue notamment au niveau de l’image que nous pouvons lui apporter. Avec notre team moto (Honda Viltaïs Racing, NDLR.), par exemple. Pareil pour notre festival Festi BD. Plus globalement, on a une expérience, des activités et des compétences qu’il trouve très intéressantes. Viltaïs est implantée sur des départements où ce groupe n’est pas présent. Il pourra s’appuyer sur notre réseau ".
(*) Elle aura lieu le 21 février à Moulins.
Viltaïs. Parmi les activités de Viltaïs, la réinstallation des réfugiés et la gestion de l’accueil et de l’hébergement des demandeurs d’asile. Plus largement, auprès de publics en difficulté, l’association intervient également en matière de logement d’insertion, de logement temporaire et d’hébergement d’urgence, en matière de santé, de culture, de formation, d’information et d’insertion sociale.