Jugé devant la cour criminelle du Puy-de-Dôme pour le viol d'une jeune femme enceinte

Accusé de viol sur une jeune femme alors âgée de 24 ans et enceinte de presque huit mois, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2019, à Thiers, un trentenaire est jugé depuis ce mercredi 14 février et jusqu’à demain soir devant la cour criminelle départementale, à Riom (Puy-de-Dôme).

Le contraste était assez saisissant, ce mercredi 14 février, à la cour criminelle départementale de Riom, entre un accusé visiblement maître de son attitude et une partie civile submergée par les émotions.

Yann Clavier, 34 ans, est jugé jusqu’à jeudi soir pour le viol d’une jeune femme alors âgée de 24 ans et enceinte de presque huit mois, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2019, dans l’appartement de celle-ci, à Thiers (*).

Tous deux célibataires, ils étaient entrés en contact, quelques mois plus tôt, via un site de rencontres sur internet et s’étaient déjà vus plusieurs fois avant cette soirée, où la jeune femme l’avait invité à passer chez elle, en toute amitié.

Tout se serait déroulé sans incident jusqu’aux alentours de minuit, où le jeune homme aurait commencé à s’énerver, ayant pris connaissance, plus tôt dans la journée, de la décision d’un juge aux affaires familiales concernant les modalités de garde et de droit de visite de son très jeune fils.

La soirée, très alcoolisée, aurait alors basculé dans un terrible enchaînement d’épisodes de violences, tant psychologiques que physiques et sexuelles. Jusqu’à ce que la jeune femme trouve la force et le courage de quitter son logement et de se rendre à la gendarmerie thiernoise, le 29 janvier au matin, pour y décrire son calvaire et déposer plainte.

L'avocate générale, Anne-Claire Garraud (photo Fred Marquet).En attendant, sans doute ce matin, d’étudier les faits – niés depuis le début par l’accusé – la cour criminelle a pris le temps, durant une bonne partie de la journée d’hier, de se pencher sur la personnalité, complexe, de Yann Clavier, défendu par Me Jérémy Beranger. Et surtout sur un parcours de vie, notamment à l’enfance et à l’adolescence, jalonné de fractures et d’écueils.

Mais, étrangement, de la même façon qu’il semble vouloir donner de lui un profil lisse, policé et très contrôlé, ces traumatismes familiaux paraissent devoir être tenus à bonne distance. "Je ne pense pas avoir vécu des choses pires que d’autres enfants", dira-t-il, affirmant même avoir eu une enfance "plutôt heureuse, dans l’ensemble".

Le témoignage, aujourd’hui, de la plaignante, sur le déroulé de cette effroyable nuit du 28 au 29 janvier 2019, va-t-il faire vaciller cet édifice apparemment inébranlable ?

Déjà auditionnée, ce mercredi après-midi, mais uniquement sur sa situation actuelle, la jeune femme a très vite été rattrapée par les souvenirs et les images de cette soirée de cauchemar où, comme l’a noté l’expert psychologue qui l’a examinée, "elle a oscillé entre la vie et la mort".

"Pour moi, a-t-elle cependant martelé avec force, c’est une nouvelle vie qui commencera après le procès".

Le verdict devrait être connu dans la soirée, ce jeudi 15 février.

Christian Lefèvre

(*) Il avait été placé en détention provisoire du 31 janvier 2019 au 3 novembre 2020, avant d’être mis en liberté sous contrôle judiciaire. Comparaissant donc libre, il encourt jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle (la victime, enceinte, est juridiquement considérée comme une personne vulnérable, ce qui aggrave la peine encourue). Le viol sans circonstance(s) aggravante(s) est puni de quinze ans de réclusion criminelle.