400.000 euros pour transformer une cour d'école bitumée en oasis de fraîcheur à Guéret

Les enfants de l’école élémentaire Jacques-Prévert ont imaginé leur cour idéale. Fini le bitume. Ils voulaient des arbres, des fleurs et des jeux. Leur rêve est devenu réalité en septembre dernier. La nouvelle cour végétalisée a été inaugurée mardi 14 mai.

La cour a changé de physionomie, même si les arbres n’ont pas encore atteint leur hauteur optimale.  « C’est très beau mais il faut encore patienter. La végétation n’est pas complète pour moi », estime Johan, 13 ans. Avec son copain Nehru, il est revenu dans son ancienne école, mardi, pour l’inauguration de la cour végétalisée. Il a participé à ce projet original.

Depuis la rentrée de septembre, les 147 enfants de l’école primaire Jacques-Prévert profitent de nouveaux aménagements lors des récréations. Avant, la cour était presque entièrement bitumée. « Il y avait de grands arbres mais ils étaient malades. Nous avons dû les abattre », indique la maire Marie-Françoise Fournier.

Un revêtement perméable a été posé sur le sol. Issu du mélange à froid de granulats et d’un liant organo-minéral, il est respectueux de l’environnement (l’eau arrive à s’infiltrer). De couleur claire, il chauffera peu l’été.

De nombreuses espèces végétales ont été plantées par le service des espaces verts de la Ville de Guéret : fruitiers (cassis, groseilles, myrtilles), plantes grimpantes, arbustes, arbres de moyen et grand développement, haie vive… Ils apporteront de l’ombre et atténueront la chaleur l’été.

Certaines plantations ont été réalisées avec les écoliers. Les enfants ont aussi appris à désherber et à balayer la cour tous les matins. « Nous avons fait le choix d’arbres assez grands à la plantation pour avoir un effet rapidement, précise Marin Baudin, paysagiste au CAUE de la Creuse (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement). L’idée est aussi d’avoir différentes strates, différentes hauteurs de végétation, avec des arbustes, des arbres de haut-jet, des floraisons différentes. » Des copeaux de feuillus ont été utilisés pour faire un paillage autour des arbres.

Le coûtLa végétalisation de la cour d’école a coûté 448.000 euros. Elle a été largement financée par l’État (à hauteur de 80 %, au titre du Fonds vert et de la DETR).

La cour compte différents espaces : zone plantée, gazon, carrés potagers, jeux en bois (poutre, araignée). Un terrain multi-sports a aussi été aménagé sur le côté, près de l’avenue Louis-Laroche. Les enfants sont ravis de jouer dans cette nouvelle cour. Ils regrettent juste qu’il n’y ait pas de cabanes.Le projet est parti des élèves et des enseignants. En 2019, ils ont imaginé leur cour idéale. « Nous avons réfléchi à l’occupation de cet espace, indique Isabelle Piquet, directrice de l’établissement scolaire. Il y avait une utilisation inégalitaire de la cour. Le centre servait de terrain de foot et était utilisé par les garçons, surtout les grands. Il y avait une relégation à la périphérie des filles et des plus jeunes. »

Accompagnés par Canopé et le CAUE de la Creuse, les écoliers ont imaginé une cour non genrée et plus végétalisée. Quelques améliorations ont été apportées par rapport à leurs plans, par exemple un système de récupération des eaux de pluie. De gros réservoirs ont été installés sous le revêtement perméable. « L’eau servira à arroser les plantations de l’école et sera aussi utilisée par les services techniques de la Ville », précise la maire.

L’objectif de ce projet emblématique était de « débitumer » la cour de l’école Jacques-Prévert afin de l’adapter au changement climatique. Végétaliser des espaces publics permet de créer des îlots de fraîcheur l’été. Des pergolas en bois ont été construites au niveau des zones orientées côté soleil. Elles permettront de casser l’effet de la chaleur.Une pergola

Cette transformation a aussi une dimension pédagogique et sociale pour les enfants. Initiation au potager, sensibilisation à la biodiversité, au cycle de l’eau et au climat sont prévus. « Ça n’est pas qu’un espace de jeu. C’est aussi un espace d’apprentissage », note la directrice.

Cette cour « oasis » servira sûrement de modèle pour d’autres établissements scolaires de Creuse. « La cour de l’école Prévert est un bon exemple de ce qui peut se faire à grande échelle, estime le paysagiste Marin Baudin. L’espace a été totalement aménagé. Certaines communes plus petites, qui ont moins de moyens, peuvent mener des projets plus modestes, sur une partie de la cour. Ça peut déjà répondre aux enjeux, notamment de confort thermique estival. »

Une ambiance plus apaiséeL’aménagement de la cour n’est pas terminé mais les enseignants notent déjà la différence. « Il n’y a plus de terrain de foot au milieu de la cour. Les enfants sont obligés de jouer à autre chose et de jouer ensemble. Garçons et filles se mélangent plus, petits et grands aussi, constate la directrice de l’école. Nous avons aussi noté que c’est beaucoup plus calme au retour de récréation. Nous avions ce terrain de foot qui générait des tensions énormes autour de ce “fichu” ballon. Il y a moins de conflits maintenant. »

Textes : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier

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